Il s’agit d’une moutarde rouge heureusement non disparue car toujours disponible aux entreprises Denoix.
Malheureusement elle reste la seule, alors que dans le temps….
Nous avons eu la chance en 1992 de correspondre avec un spécialiste de ce produit Monsieur SAGNE de DONZENAC et nous ne pouvons nous empêcher de vous livrer de larges extraits de ses réflexions.
La moutarde violette est née à BRIVE, mais aucune date précise ne peut être avancée avec certitude. Nous savons que la Maison PISTRE en fabriquait dès 1815, un mortier en fonte et son pilon servant à broyer la graine de moutarde est exposé au musée de BRIVE. Les annuaires sont une source précieuse pour les recherches.
Le premier moutardier y figurant en 1848 est un nommé FLEURAT. De cette date à 1956, 23 fabriques à BRIVE même, 1 à DONZENAC se partagèrent le marché de la moutarde violette”.
Pourquoi de la moutarde violette à Brive ?
La moutarde est fabriquée avec de la graine de moutarde noire (Brassica nigra) et du moût de raisin frais. Si l’on prend le cas de la commune de Donzenac, au 19° siècle, le tiers de la surface cultivée est occupé par la vigne, cette proportion s’est maintenue jusqu’en 1875 date à laquelle le phylloxéra fit de grands ravages dans la région.
Le “Chabrilloux” raisin noir, très coloré servait presque exclusivement au moutardier disparu lui aussi. (Aujourd’hui il n’existe qu’un plan qu’il faudrait sauver). La graine de moutarde noire venait du Languedoc et de la région de Bordeaux très proche.
La moutarde violette était consommée uniquement dans la région de production, un Donzenacois m’a raconté qu’en 1920 il en avait trouvé à Angoulême , c’est sûrement un record de distance. Les livraisons se faisaient à dos d’âne dans des fûts de bois jusqu’à Limoges.
La publicité se faisait de bouche à oreille et la tradition veut que les représentants en merceries nombreux à BRIVE firent la réputation de la moutarde du pays en l’emportant dans tous leurs déplacements. La moutarde violette est morte en 1956, date du décès du dernier moutardier de DONZENAC,qui emportait son secret avec lui. Les Brivistes furent bien tristes et le pot au feu aussi.”
Monsieur SAGNE nous donne aussi quelques indications sur les tarifs pratiqués en l’année 1900 Source : Rapport du jury international de l’exposition universelle de Paris.
- prix de 100kg de graines selon provenance vendée
– charente : 40 f
– nord lille : 55 f
– bourgogne : 45 f - prix de vente de la moutarde violette par 100kg de 50f à 60f.
- prix de 100kg moutarde de Dijon 55f à 70f.
- prix de 100kg moutarde au verjus Grey Poupon de 120f à 150f.
- prix de 100kg moutarde de Meaux de 70f à 80f.
Il faut noter, excepté la Maison COUIGNOUX, la moutarde violette était fabriquée par des liquoristes qui en faisaient un revenu d’appoint, c’est d’ailleurs le cas pour d’autres moutardes et la Maison DENOIX de Brive fabrique toujours de remarquables liqueurs.
- Maison COUIGNOUX. Le 23 Août 1940 à 16h Madame Veuve COUIGNOUX Marie Louise née Murat demeurant à Brive rue Carnot n°12 bis a déposé au greffe du tribunal de commerce une marque de fabrique concernant : “une moutarde violette vitaminée de Brive La Gaillarde, pur jus de raisins frais,garantie sans vinaigre”.
Cet établissement fait suite à la Maison PISTRE fondée en 1815. - Maison CANTEGREL rue de l’Hôtel de Ville.
- Maison CLAUZEL et MURAT rue Toulzac.
- Maison DUSSOL liquoriste à Brive (Pot grès noté au pochoir “Moutarde violette fine composée par Dussol liquoriste à Brive.Collections privées).
- Maison GUILLAUME GALATRY à DONZENAC “Moutarde Chabrilloune”
- Maison V.FLEURAT à Brive. (Flacon verre avec en relief “Moutarde violette – V.Fleurat-Brive).